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♢ (1611) Mod. Loc. Chercher (des) noise(s) à qqn. ⇒ quereller (cf. Chercher des crosses à qqn). « Beaumarchais était ferrailleur et souvent cherchait noise » (P.-L. Courier).noise⇒NOISE, subst. fém.A. —Vx ou littér. Dispute, querelle. Avoir noise avec qqn; apaiser une noise; être victime de noises; bisbilles et noises. Il (...) ne se mêle d'une affaire que lorsqu'il n'aperçoit au travers ni noise avec l'autorité, ni brouillerie avec ses voisins (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.371). Entre les pensionnaires, voire entre les religieuses, que de piques, et de jalousies, et de noises, souvent (POURRAT, Gaspard, 1925, p.94). Ma patience n'est pas encore si parfaite qu'elle ne se laisse vaincre. Il en résulte de petites noises où je ne semble pas toujours tenir le beau rôle, car il ne suffit pas d'avoir raison (DUHAMEL, Journ. Salav., 1927, p.92).B. —Loc. cour. Chercher (des) noise(s) à qqn (à propos de qqc.). Chercher querelle à quelqu'un. Synon. quereller. Hardi, querelleur, cherchant noise; c'est un drôle qui n'a pas peur, tout prêt à faire feu sur les bleus (COURIER, Pamphlets pol., Au réd. «Censeur», 1819-20, p.26). Si, plus tard, on lui cherchait noise il entraînerait avec lui dans la bagarre pas mal de noms retentissants (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.310):• 1. Lorsqu'ils [les habitants de cette île] étaient oiseaux, ils ne se querellaient que dans la saison des amours. Et maintenant ils se disputent en tous les temps; ils se cherchent noise été comme hiver.A. FRANCE, Île ping., 1908, p.77.♦Chercheur de noise. Querelleur. C'est moins tapageur, moins élégant, moins beau, Mais non moins agaçant; Ce grand chercheur de noise Se présente aujourd'hui d'une façon bourgeoise (BARBIER, Satires, 1865, p.105):• 2. Elle avait jusqu'au fond du plus secret hameauLa réputation dans toute Seine et OiseQue jamais ni le loup ni le chercheur de noiseN'avaient pu lui ravir le plus chétif agneau.PÉGUY, Tapisserie Ste Geneviève et J. d'Arc, 1913, p.35.Prononc. et Orth.:[nwa:z]. [--] vieilli et provincial selon ROUSS.-LACL. 1927, p.133. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 «bruit, tumulte» (St Alexis, éd. Chr. Storey, 422; 502); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1455; 3842); 2. ca 1165 «dispute, querelle» (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 17424 ds T.-L.); 1re moitié XIIIe s. faire noise a «engager une querelle avec (quelqu'un)» (Guillaume de Palerne, 9641, ibid.); 3e quart XVe s. mouvoir noise a «id.» (GEORGES CHASTELLAIN, Chron. ds OEuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t.3, p.416); 1611 cercher noises pour noisettes «susciter une querelle pour un rien» (COTGR.). L'étymon communément proposé est le lat. nausea, gr. , var. de «mal de mer; envie de vomir», v. nausée; cf. le dér. dial. naucheux «qui a la nausée» (COTGR.). L'a. prov. nauza atteste un 1er sens dér. «chagrin, affliction, ennui» (ca 1160-80, BERNARD DE VENTADOUR, éd. C. Appel, 4, 41; 3e tiers XIIe s., GIRAUT DE BORNELH, éd. A. Kolsen, IX, 5; passé en m. fr.: 1544, M. SCÈVE, Délie, CCCLVIII, 6, éd. E. Parturier, p.246), dont est peut-être dér., dans le domaine fr., celui de «querelle» et de «bruit, tumulte» (également att. en a. prov.: 3e tiers XIIe s. «querelle» GIRAUT DE BORNELH, XLIV, 15; ca 1180 «bruit, tapage» Girart de Roussillon, éd. W.M. Hackett, 4581; 1225-28 Jaufré, éd. C. Brunel, 3487). Objectant les difficultés d'ordre sém. présentées par cette hyp., A. LANLY ds Semasia, 1974, pp.129-131, propose le lat. «délit, faute, crime», devenu , o se fermant sous l'infl. du yod suivant. Fréq. abs. littér.:31. Bbg. BRÜCH (J.). Etymologisches. Z. rom. Philol. 1925, t.45, pp.80-81.noise [nwaz] n. f.ÉTYM. XIe; surtout au sens de « bruit, tapage » en anc. franç.; vx dès le XVIIe, sauf dans certaines expressions; du lat nausea « mal de mer ». Phonétiquement peu douteuse, cette étymologie est sémantiquement obscure.❖♦ Querelle, dispute (généralement sans gravité, sur un sujet de peu d'importance).REM. Encore fréquent au XVIIe s. dans le style plaisant ou burlesque (→ La Fontaine, Incivil, cit. 2, et aussi Fables, IX, 14), l'emploi de noise tend dès cette époque à se restreindre à la loc. suivante.1 Je doute fort que le roi permette la convocation des pairs au parlement de Paris (…) il apaise toutes les noises en temporisant.Voltaire, Correspondance, 2991, 22 déc. 1766.2 Piquée, Mme Tite-le-Long repartit : — C'est une noise que vous nous cherchez ?M. Jouhandeau, Tite-le-Long, XVI.3 Ma patience n'est pas encore si parfaite qu'elle ne se laisse vaincre. Il en résulte de petites noises où je ne semble pas toujours tenir le beau rôle, car il ne suffit pas d'avoir raison.G. Duhamel, Salavin, Journal, 1er juin.
Encyclopédie Universelle. 2012.